Le marché de l’IoT représente plus de 20 milliards d’appareils connectés en 2017, d’après une enquête IHS. Le cabinet projette à 75 milliards de dispositifs dans la flotte IoT d’ici 2025.
Par ailleurs, les entreprises devraient dépenser pour les solutions IoT, jusqu’à 6 billions de dollars d’ici 2021, selon Business Insider. Cette montée en puissance va impacter directement les usages quotidiens avec notamment le développement des objets de santé connectée, les assistants intelligents et les wearables. Mais où en est-on réellement de la maturité autour de l’IoT et des objets connectés? Quelles sont les prochaines étapes dans leur démocratisation? Le passage de l’échelle expérimentale à l’échelle commerciale est-il réel? Décryptage.
Afin de comprendre l’ampleur de ce phénomène, voyons quels sont les secteurs vers lesquels convergent l’IoT mais aussi l’intelligence artificielle et la robotique.
1. La nouvelle vague des assistants intelligents
La nouvelle vague des assistants intelligents numériques arrivent en France avec notamment l’assistant Echo crée par Amazon (dont la date de sortie serait prévue pour le 14 avril). Dans le même temps, Microsoft crée un centre de recherche pour renforcer l’assistant Cortana.
Ces assistants virtuels proposent de nombreux services sans avoir besoin d’un ordinateur à la maison. Tout se fait grâce à la voix, sans écran ni clavier. L’appareil écoute la question et essaye de répondre ou d’agir selon l’ordre envoyé. Les assistants domestiques tels qu’Amazon Echo ou Google Home ont principalement vocation à piloter vocalement la maison connectée. Ils facilitent ainsi la vie de leurs usagers, qu’ils soient familiarisés avec l’informatique ou pas. Cette vague d’assistants intelligents, va par ailleurs inciter les marques à inventer de nouveaux modes d’interactions avec leurs clients à l’image de Boulanger ou Monoprix qui proposent déjà leurs services à travers le système Google Home.
2. Une santé de fer
L’IoT pour la santé fait partie d’une tendance de fond, que nous avons pu constaté récemment au CES Las Vegas 2018. L’analytique et le machine learning ne sont pas seulement là pour satisfaire le confort des foyers mais aussi faire émergée la santé connectée. Suivi des données médicales en temps réel, gestion des prises de médicaments, optimisation de temps avec les médecins, auto-surveillance et la prévention ou tout simplement amélioration du bien être sont des objectifs réalisables grâce aux innovations en santé connectée et donc à l’IoT.
En 2018 la collecte de données à grande échelle pourrait faire la différence. Les analystes de l’accélérateur HAX prédisent une meilleure compréhension des pathologies grâce aux partages des dossiers patients. Cela permettra également le développement de l’analyse prédictive afin de repérer les symptômes des maladies plus rapidement, prédire les AVC et les crises cardiaques. Mais pour cela il faudra conduire une politique de confidentialité irréprochable tout en établissant un modèle équitable favorisant ce partage des données.
A ce titre LA POSTE, s’est depuis quelques temps positionner sur l’e-santé et l’a d’ailleurs mis en avant au dernier salon CES Las Vegas 2018 avec sa plateforme Digiposte. Cette plateforme fonctionne comme un hébergeur de données de santé et un tiers de confiance universel. Déjà utilisé par les pharmaciens dans le cadre du programme Docaposte, le dispositif reste quasiment le même:
– un carnet de santé médical digitalisé versus le dossier pharmaceutique pour Docaposte
– un suivi personnalisé avec des options de partage ou non sur un temps limité ou pas
– universalité du dossier médical entre différentes mutuelles
A titre indicatif, le dossier pharmaceutique dans le cadre de la plateforme Docaposte, est utilisé par plus de 33 millions de Français et 99.8% des pharmaciens y sont connectés. Les Français sont-ils près pour le carnet de santé digitalisé?
3. Des wearables pour tous en 2018 ?
D’après une étude Idate, 123 millions de wearables seront vendus en 2018, contre plus de 20 millions en 2014. Smartphones, assistants personnels, montres connectées et autres wearables, ou technologies portables seront de plus en plus recherchés. En 2018 les capteurs pourraient envahir les foyers et changer les habitudes de consommation. Montres, bracelets ou encore lunettes connectées vont se démocratiser. Alors qu’ils ont lancé le phénomène des wearables, les bracelets connectés devraient occuper la 3e place du podium en 2018 avec seulement 12% des ventes, derrière les montres et les lunettes. Mais le phénomène ne s’arrête pas là: ampoules (Hue de Philips), radiateurs électriques (Lancey Energy Storage), réfrigérateurs (Family Hub Refrigerator de Samsung) et autres objets du quotidien seront connectés afin de faciliter la vie des consommateurs, comme nous l’évoquions dans notre bilan du CES 2018.
Cepedant on parle déjà de « second âge » des tendances IoT, d’après Le “rapport des tendances IoT Hardware 2018”. Cette nouvelle génération de produits connectés tient principalement à une meilleure interprétation des données récoltées. L’apport de l’intelligence artificielle et des technologies du Big Data interagissant depuis le Cloud permettent aux appareils connectés de faible puissance de devenir de véritables compagnons du quotidien. C’est typiquement ce qu’il se produit pour les assistants vocaux comme Amazon Alexa ou Google Home. D’autres grands noms comme Microsoft prennent cette pente ascendante.
Ces assistants personnels sont idéaux pour créer de la cohérence dans la « smart home ». Même si l’on atteint pas encore l’interopérabilité tant attendue – le contrôle des différents thermostats, lampes et autres enceintes connectées est tributaire des partenariats – on y avance à grand pas avec une véritable dynamisation du marché traditionnel de la domotique, jusqu’alors réservé à un public de niche.
4. Le nouvel an chinois
Pour observer correctement les tendances IoT, il convient de prendre en compte un acteur qui va impacter le marché des objets connectés: la Chine. Si en 2016 et 2017, les États-Unis et la France étaient sur le devant de la scène, l’année 2018 pourrait être celle de la Chine qui risque de monopoliser l’attention. Deuxième nation en termes de présence au CES 2017, la puissance chinoise accueille 11 licornes actives dans la conception de produits connectés. Xiaomi et DJI sont deux entreprises réputées pour leur manière d’accéder à leurs marchés respectifs. Le second est d’ailleurs en passe de devenir le leader sur le marché du drone grand public et professionnel.
De plus, l’apport de l’industrie électronique chinoise favorise la croissance de toutes les autres entreprises IoT qui font appel à ses services pour accélérer le time to market. De même, la politique d’innovation du gouvernement pousse l’automatisation des usines afin de respecter les engagements du plan Made in China 2025.
5. L’Industrie 4.0 : une des tendances IoT les plus surveillés
Ces mêmes engagements sont majoritairement partagés par l’Allemagne, la France, et les États-Unis. Mais les gouvernements ne sont pas les seuls qui veulent profiter de la croissance promise par l’industrie 4.0. Des usines connectés commencent déjà à voir le jour permettant aux plus grandes entreprises de bientôt faire partie de réseaux mondiaux. L’objectif est d’optimiser la production en mettant en place les capteurs qui remontent les données nécessaires à l’analyse prédictive, à l’introduction des intelligences artificielles, au suivi logistique des matières premières… Le Big Data toujours là pour optimiser la production de biens.
D’autres activités professionnelles s’équiperont en matériels connectés au cours de l’année prochaine. Que ce soit dans le retail, l’agriculture ou le transport, l’apport de l’IoT se fait sentir, car la convergence du Big Data, du Cloud et des infrastructures matérielles arrivent à maturité.
Une autre tendance IoT à souligner est la robotique et l’automatisation des éléments de productions. Les machines ne remplacent plus simplement la main d’oeuvre, mais apportent un gain qualitatif en sus des informations cruciales pour la prise de décision et du même coup de la valeur ajoutée.
Au regard de ce panorama, on pourrait penser que rien ne peut freiner l’IoT. Cependant, les objets connectés ne sont pas encore totalement démocratisés en particulier dans le BtoC.
Quelle sont les difficultés en matière de BtoC ?
Pour le BtoC, il est plus difficile d’avoir une solution intégrée de bout en bout. Un professeur du MIT, David Rose, l’expliquait très bien : il ne faut pas rajouter d’écrans, il faut en enlever. Le vrai potentiel de l’IoT part de ce constat. L’imprimante connectée qui commande automatiquement une cartouche quand elle est vide, c’est une plus-value pour l’utilisateur, qui n’a pas d’action supplémentaire à effectuer.
Quelles sont les prochaines étapes dans la démocratisation de l’IoT ?
L’idéal serait d’oublier que l’objet est connecté, de voir uniquement le résultat de cet environnement connecté. Les datas doivent être traitées pour rendre service à l’utilisateur final. L’autre défi, c’est d’arriver vers des capteurs connectés éternels, qui vont permettre des économies d’énergie, de maintenance, et surtout une pérennité. C’est dur de se projeter à plusieurs années, mais une première étape va être un déploiement plus général dans le monde avec encore plus de pays concernés. Il va également y avoir plus de simplicité dans l’industrialisation. Le hardware, est déjà un premier grand pas mais il y a d’autres étapes encore à franchir. L’objectif étant de rendre l’industrialisation à portée de main.