La grande messe électronique américaine se termine demain à Las Vegas! Du 9 au 12 janvier, le CES (Consumer Electronics Show): grand rendez-vous international grand public et B to B, ouvre ses portes. Ce n’est pas moins de 170 000 visiteurs, 3900 exposants et plus de 900 start-up qui étaient attendus. Et toujours plus d’innovations, de surface d’exposition et de pays représentés dont la France avec une délégation importante de 365 entreprises exposantes. Que faut-il attendre de cette 51ème édition? Qu’en est-il de la France dont la présence est grandissante?
C’est l’événement électronique incontournable de l’année où les progrès technologiques se conjuguent au futur. De l’IA à la réalité augmentée et virtuelle, en passant par l’IoT et ses applications dans la ville connectée de demain, le CES présente les dernières avancées internationales et sera le tremplin de plus de 900 startups.
C’est l’occasion pour les plus grandes marques internationales de dévoiler leurs nouveautés de l’année 2017. Samsung, Bosch, Sony, Dell, LG, Intel, Microsoft, HTC, Qualcomm… feront miroiter la vision d’un environnement toujours plus connecté et intelligent, mais avec une pression croissante pour la concrétiser. Et il ne fallait pas moins de 3 sites: CES Tech East, CES Tech West et CES Tech South pour mettre en avant cette vision.
Au-delà des dernières nouveautés grand public des plus grandes marques et des start-up, d’innombrables innovations dédiées au monde professionnel seront en effet présentées. Le CES confirme ainsi son virage vers le B to B.
Au regard des grands thèmes du salon et des premières annonces, le CES 2018 devrait une fois de plus démontrer comment les nouvelles technologies peuvent révolutionner les usages des consommateurs, certes, mais aussi les business model.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si grands patrons et directeurs innovation du retail, de la banque, de l’assurance, de l’aéronautique, ou de la restauration se rendent depuis quelques années sur cet événement international. Objectif : flairer les tendances high-tech et les nouvelles solutions qui pourraient améliorer leurs services et bouleverser leur organisation. L’occasion, aussi, de repérer les start-up qui pourraient les y aider.
Afin d’y voir plus clair, nous nous sommes intéressées à 6 grandes tendances parmi les axes dégagés par les grands cabinets de conseils comme Accenture, Gartner ou Forrester.
1/ La combinaison de l’IA et de la connectivité
Tendance majeure de l’édition 2017, celle-ci s’affirme définitivement sur le CES 2018. Considérée comme centrale cette année, Jean-Laurent Poitou, directeur mondial d’Accenture pour les secteurs des télécoms, des médias et des hautes technologies, souligne « le caractère intuitif et simple des solutions d’intelligence artificielle. L’utilisateur n’a plus besoin de lire de manuel, il lui suffit de se connecter et ça marche tout seul. Cela change réellement les usages ».
D’ailleurs, 10% des décisons d’achat seront directement influencées par les agents intelligents développés par les Gafa, en 2018, comme le souligne Forrester.
Au cœur de cette tendance, on retient bien sûr les assistants personnels et vocaux qui se multiplient et reflètent un changement dans la manière de consommer la technologie. Alexa d’Amazon ne devrait donc pas être l’unique star du CES cette année ! De nombreuses start-up, comme les Français Wiidii avec son concierge hybride mi-homme mi-robot, Safetyn et son assistant pour les pilotes d’avion de loisirs ou Haapie qu a développé un robot social et cognitif, présenteront leurs propres solutions.
2/ Les smart voitures très attendues
Le CES est devenu un rendez-vous important pour l’industrie automobile, qui ne réserve plus forcément ses nouveaux modèles à son propre salon sectoriel organisé la semaine suivante à Detroit.
Un espace entier est d’ailleurs consacré aux voitures autonomes et connectées sur ce CES 2018. Ford, Bosch, Faurecia, Kia…, constructeurs et équipementiers vont y dévoiler leurs solutions en matière d’ intelligence artificielle, d’assistants vocaux, de connectivité à bord, et d’écrans digitaux…
Des nouvelles technologies qui investissent de plus en plus le monde de l’automobile, révolutionnant l’expérience de la conduite comme la vie à bord des passagers. Et dans ce domaine, ces nouvelles solutions numériques ouvrent le champs de possibles : divertissement (musique, films, jeux video…), services de livraison, paiement à distance…
De nombreux partenariats seront également annoncés, comme Renault avec Intel, Faurecia avec Amazon et Accenture, Here avec Bosch et LG… Après le buzz de Faraday Future au CES 2017 – dont la voiture autonome FF91 ne verra finalement pas le jour –, le Chinois Byton a fait quant à lui son show à la presse dimanche dernier avec sa propre vision de la voiture du futur incarnée par son crossover électrique, autonome et connecté.
De manière générale, un accent particulier sera mis sur les véhicules futuristes, en particulier ceux sans chauffeur : la partie du salon consacrée aux technologies de conduite autonome, que certains constructeurs promettent en série pour 2021, a augmenté de 75% depuis sa création en 2014, d’après la CTA.
Si la technologie est quasiment au point, les voitures autonomes devraient néanmoins alimenter les discussions sur l’aspect réglementaire. Cybersécurité, protection des données personnelles, fiabilité, sécurité des passagers et des piétons… Qui est responsable en cas de collision ? Comment faire cohabiter véhicules « traditionnels » et véhicules autonomes dans l’espace urbain ? Au-delà du buzz, les débats s’annoncent animés.
« La course est lancée pour amener des véhicules autonomes, électriques et connectés aux consommateurs. Le CES sera une étape importante dans les prochaines années pour voir qui dans le secteur peut réaliser un tel futur », note J.P. Gownder, un analyste du cabinet Forrester.
Le patron de l’alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, viendra également discuter cette année au CES d’une « percée technologique majeure » pour un avenir sans émissions de gaz à effet de serre et sans morts sur les routes, selon les organisateurs du salon.
3/ La 5G: anticipation et opportunités
La 5G sera cette année au cœur des débats du CES 2018. Même si celle-ci est encore en phase de test, et qu’une première vague de standards a été votée en décembre, les premières applications ne verront pas le jour avant 2020. Nous sommes donc dans une phase d’anticipation plus que dans la réalité, avec des applications plus concrètes mais encore prospectives. Las Vegas mettra en valeur des solutions démontrant l’utilisation de la 5G dans les domaines de la maison connectée, de la vidéo (streaming, jeux vidéos….) et plus généralement comme outil d’accélération de l’Internet des objets.
Augmentation du débit, baisse du temps de latence, densification de la couverture réseau… Autant d’avantages apportés par la 5G que les exposants ne manqueront pas de mettre en avant au travers de leurs nouveaux produits et solutions. Et ce, dans de nombreux domaines, tels que les jeux vidéo, l’e-sport ou la smart-city.
4/ Blockchain everywhere!
Nous l’avions déjà évoqué dans un article à ce sujet, la blockchain s’étend à de multiples secteurs et n’est plus réservée uniquement aux cryptomonnaies. Cette technologie – qui permet de stocker et de partager des données et d’effectuer des transactions de manière fiable, transparente, traçable et sécurisée entre deux personnes – intéressent au delà du secteur bancaire. Retail, santé, paiement, transports, énergie… autant de domaines dans lesquels les applications de la blockchain et de ses smart-contrat sont explorées. A titre d’exemple, dans la santé, la blockchain peut être utile dans le cas de système de mesure du diabète ou de la tension qui déclenche une prise de médicaments : le système a tout intérêt à être sécurisé. Idem dans le domaine de l’énergie ou des panneaux solaires : la blockchain peut être intéressante pour les transactions entre les personnes qui stockent l’énergie et le revendent et celles qui l’achètent. Mais encore dans le secteur de l’assurance et des transports, la blockchain pourra permettre d’obtenir un remboursement automatique de la compagnie aérienne en cas de retard en évitant tout le process administratif actuel pour l’obtenir. « Dans les cinq prochaines années, de nombreuses applications devraient voir le jour, anticipe Jean-Laurent Poitou. Demain, avec la blockchain, on n’aura plus besoin d’un tiers de confiance pour déverrouiller une voiture dans un système d’autopartage, par exemple ».
5/ L’essor de logiciel au service des object connectés
Une tendance marquée sur ce CES 2018: le perfectionnement des objets connectés grâce à l’intégration de puissants logiciels. Ceux-ci permettront une analyse plus fine des données récoltées par les objets, offrant ainsi des produits de plus en plus personnalisés qui s’adaptent aux besoins et aux nouvelles habitudes des consommateurs. Masques anti-pollution qui analysent les particules de l’air, colliers connectés pour animaux domestiques qui déclenchent la distribution de croquettes, réfrigérateurs connectés, verres connectés pour inciter les personnes âgées à se réhydrater… autant de technologies qui même si elles ne sont pas nouvelles, se perfectionnent et s’installent dans le quotidien des consommateurs, à l’image du masque connecté d’auto-hypnose de DreaminzZz. Mais aussi des entreprises. A cet égard, tous les secteurs sont concernés: banque, hôtellerie, santé…et les dirigeants et décideurs devront maîtriser ces technologies pour leurs clients.
6/ AR/VR, une réalité?
Bien que la réalité virtuelle et augmentée ait été annoncée comme la star du Salon à l’instar des précédentes éditions, celle-ci n’a pas encore rencontrée son public. Excepté l’univers du jeu vidéo, les constructeurs sont confrontés à un déficit d’équipement du grand public. Alors que son usage B to B a explosé, que ce soit dans la santé, le retail, l’événementiel, l’industrie automobile… de nouvelles solutions pour de nouveaux usages émergent; notamment dans l’univers de l’hospitality, des parcs d’attraction et du cinéma.
Mais la sphère grand public n’est reste pas moins un objectif majeur à atteindre. Après l’effet Pokemon Go, le lancement des logiciels ARKit d’Apple ou d’ARCore de Google offrent de nouvelles possibilités de services sur smartphone notamment, et donc sans équipement supplémentaire. Ce qui devrait démocratiser son utilisation.
Au-delà du smartphone, de nombreux prototypes de lunettes, comme les ACE Eyewear de Acton (photo), et autres équipements plus futuristes seront également présentés lors de ce CES 2018, laissant imaginer ce à quoi pourrait ressembler notre quotidien de demain.
Mais au-delà de ces difficultés d’implantation, les professionnels du secteur sont confrontés à l’urgence de trouver un nouveau relais de croissance. Dans un contexte où le marché des smartphones montre des signes de saturation et que d’autres produits paraissent décevoir les espoirs placés en eux, comme les tablettes dont le boom est retombé, ou les montres connectées qui ont du mal à trouver leur public, il est temps que cette technologie s’ancre dans une réalité de marché.
Et la French Tech dans tout ça?
Avec 365 entreprises, collectivités et organisations, dont 320 start-up et scale-up, la France se positionne comme la troisième délégation, derrière les Etats-Unis et la Chine. Et avec 274 jeunes pousses présentes à l’Eureka Park (le temple des start-up), la France s’impose comme l’an passé (avec 178 start-up exposantes), comme le deuxième contingent le plus important, juste derrière les Etats-Unis et ses 280 start-up. Une évolution remarquable puisqu’en 2015, la France n’exposait que 66 start-up. « Cette dynamique traduit une évolution importante et une nouvelle ambition chez les entrepreneurs français : ils pensent leur start-up comme internationale très tôt et vont rapidement confronter leur produit sur le marché international », indique la French Tech dans un communiqué.
Quatre secteurs sont particulièrement représentés par les jeunes entreprises françaises : la maison connectée avec près de 70 exposants, la santé (près de 50), les services aux entreprises (35) et les transports (31).
Pour la French Tech, c’est plus largement la « deep tech » qui est mise à l’honneur : intelligence artificielle, robotique, internet des objets, biotechnologies, nanotechnologies. Avec quelques belles réussites, telles que Criteo, Zenly, et Talend pour le secteur des données, ou encore SigFox, Devialet, et Wandercraft pour l’internet des objets.
Le CES de Las Vegas, est donc bien une vitrine pour ces entrepreneurs qui y voit l’opportunité de se montrer, de trouver des investisseurs et donc, de passer à la vitesse supérieure. La jeune pousse Blue Frog Robotics vient d’obtenir le prix de l’innovation et sera présente pour la troisième année consécutive à Las Vegas. Sa directrice marketing a indiqué à l’AFP que le CES a permis à l’entreprise de présenter son concept et de trouver des fonds en 2016, puis de rencontrer des partenaires en 2017. Reste à savoir ce que le CES de 2018 permettra aux jeunes pousses françaises.
Dans ce contexte, certaines sont préparées et encadrées. En effet, certaines start-up sont envoyées par des incubateurs, des villes ou des régions soucieux de voir rayonner à l’international leur structure ou leur territoire sans toujours prendre en compte le critère de maturité de la jeune pousse.
Business France prend donc les devants en accompagnant une trentaine d’entreprises françaises, notamment pour leur apprendre à pitcher correctement en anglais et à répondre à la presse internationale.
La French Tech et les collectivités l’ont bien compris : le CES est l’événement tech incontournable pour les start-up. Et ce n’est pas le gouvernement (représenté au CES par Mounir Mahjoubi et Laura Flessel) et le Président de la République prônant la « start-up nation » qui diront le contraire.
Rendez-vous dans quelques semaines sur notre blog pour faire le point sur l’événement.
En attendant, si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel de l’événement.