22 novembre 2018 Emilie Sébert

Les Alphas… cette génération biberonnée à la Tech

Alerte! Une nouvelle génération se profile… Celle des Alphas! Vous voyez ces petites têtes blondes de moins de 8 ans, déjà accrochées à vos portables et aux écrans qui refusent votre autorité? Ces enfants se connectent à Youtube en moins de temps qu’il n’en faut pour regarder Peppa Pig ou la Reine des Neiges, se créent des clips vidéos sur TikTok et font preuve d’une aisance naturelle lorsqu’il s’agit d’utiliser un smartphone, une tablette, une enceinte ou une télé connectée ou la console de jeux…

Née dans les années 2010, les Alphas sont biberonnées aux nouvelles technologies et possède déjà leurs propres codes. Consommateurs de demain, ils sont les influenceurs d’aujourd’hui, et se construisent à travers la société de consommation…
Les Alphas sont des enfants nés dans le numérique, à la différence de leurs aînés qui sont nés avec. Cette génération interpelle. A tel point que Hotwire, accompagné de OnePoll, a mené une étude* auprès de 8 000 parents dans le monde entier pour mieux cerner cette génération Alpha. Décryptage.

Les chiffres clés à retenir

Oubliez donc les Y et les Z! Voici venu le temps, non pas des rires et des chants ou même de l’île aux enfants, mais bien des Alphas.

L’année dernière déjà, Hotwire et Wired Consulting avaient produit un rapport, accompagnés par des chercheurs en neurosciences, des consultants culturels et des éducateurs pour mettre en lumière la manière dont la nouvelle génération est façonnée par les nouvelles technologies et ses attentes vis-à-vis des marques et desdites technologies.

Cette année, le rapport produit par Hotwire s’est intéressé particulièrement aux parents en France, mais aussi plus largement en Europe, en Australie et aux Etats-Unis.
Hotwire leur a demandé de partager leur perception des relations qu’entretiennent leurs enfants avec les nouvelles technologies du foyer familial, la place que ces nouveaux outils prennent et les moyens qu’ils se donnent pour comprendre et protéger leurs enfants.

Et lorsqu’il s’agit du rapport de leurs petits chérubins aux nouvelles technologies, les parents ne se font pas d’illusions. Ces derniers pensent sincèrement qu’un enfant de 8 ans en sait plus sur les nouvelles technologies qu’eux-mêmes !

Près d’un français sur trois, parent d’enfants de moins de 9 ans, est persuadé que ses enfants accordent plus de valeurs aux smartphones et tablettes qu’aux animaux de compagnie ou aux activités extérieures. En Europe, les parents sont également convaincus qu’à 8 ans leur enfant comprendra tout du fonctionnement d’un gadget moderne, parfois mieux qu’eux-mêmes…
L’étude montre que les parents français tendent à être plus modérés que leurs homologues européens quant à leur vision de l’usage des technologies par leurs enfants.

La plupart considèrent ainsi qu’entre un jouet traditionnel et un gadget connecté (tablette ou smartphone), le choix reste ardu pour leurs enfants. 21% estiment ainsi que la préférence de leur enfant irait vers les objets connectés, 22% pensent que leurs enfants pencheraient plutôt pour des jouets, s’ils ne devaient garder qu’une seule chose.

En Angleterre par exemple, le résultat est bien plus tranché: 32% des parents pensent que leurs enfants préfèrent une tablette ou un smartphone, aux jouets (11%), aux animaux de compagnie (9%) et même aux vacances (12%).

Génération Alphas

D’autres chiffres interpellent… D’après une enquête Ipsos pour Junior Connect parue en 2017 :
– Les enfants âgés d’1 à 6 ans passent en moyenne 4h37 sur internet par semaine (contre plus de 2h en 2012)
– Ce chiffre monte à 6h10 pour les 7-12 ans…
– De même, ces derniers sont 36% à posséder leur propre tablette.

“C’est une génération qui ne sépare plus le monde physique du monde digital, mais qui reste quand même très passive dans son usage des nouvelles technologies”, précise Wided Batat, professeure-chercheuse et conférencière, auteure du livre Les nouvelles Youth Cultures, où comment comprendre et séduire les jeunes générations.

La chercheuse précise que cette génération des Alphas se construit à travers la société de consommation. Il ne s’agit pas seulement d’avoir, de posséder ou d’acheter mais également de « partager, vivre une expérience à travers la consommation. Ce qui compte pour eux, c’est de faire du lien grâce à un produit”, précise la chercheuse.
“Aujourd’hui, on n’a plus de rites de passage pour savoir comment on passe d’enfant, à jeune, puis à adulte. La consommation a, pour eux, un rôle identitaire et symbolique”, poursuit-elle.

Face aux Alphas, des parents préoccupés mais optimistes

Bien que les parents expriment quelques craintes à l’égard des nouvelles technologies, ceux-ci restent globalement optimistes quant aux bénéfices des compétences et de l’appétit de leurs enfants pour celles-ci, et ce dans tous les pays interrogés.

En France, tout comme dans la plupart des marchés interrogés, près de 75% des parents pensent que les enfants pourront tirer profit de leur usage des nouvelles technologies dans leur carrière professionnelle.

43% des parents français pensent même que les nouvelles technologies aident leurs enfants à réfléchir plus vite.
« Les enfants s’adaptent et composent avec les nouvelles technologiques sans aucun des freins que nous nous imposons : ils ne sont pas nés avec, ils sont nés dedans !
Quiconque côtoie de jeunes enfants aujourd’hui peut attester avoir été émerveillé un nombre incalculable de fois par leur agilité : qu’il s’agisse de trouver une solution pour configurer plusieurs profils Netflix où de les observer balayer presque naturellement l’écran d’un Smartphone pour cacher une notification qui le gêne pour regarder PeppaPig !. »

-explique Virginie Puchaux, Directrice de l’Agence Hotwire France.
Néanmoins les craintes sont bien présentes : la santé et l’équilibre de leurs enfants restent des sujets de préoccupation pour les parents.
– Plus de 73% des parents se préoccupent du temps passé devant un écran.
– Plus de 40% déplorent le fait que leurs enfants ne prennent pas assez l’air et sont trop enfermés.

« Les parents à travers le monde sont plutôt conscients des avantages que peuvent représenter l’aisance et la capacité d’adaptation de leurs enfants aux nouvelles technologies, notamment dans leurs vies professionnelles futures qui seront probablement plus ancrées dans le numérique.
Néanmoins, le temps passé devant les écrans ne devrait pas outrepasser la quantité d’exercice nécessaire au développement d’un enfant. L’enjeu est donc de résoudre ce paradoxe : ne pas interdire mais limiter l’accès.» ajoute Virginie Puchaux.

Des enfants aux super pouvoirs

Dans chacun des 8 pays interrogés, le constat est sans appel : les Alphas développent des aptitudes technologiques bien plus vite que leurs parents.
L’étude a révélé de manière générale, qu’à 8 ans, les enfants surpassent leurs parents en terme des connaissances liées aux nouvelles technologies.
Il en résulte un fort sentiment d’insécurité quant à l’accompagnement nécessaire à leur éducation et à leur avenir. Cependant, les Alphas grâce à leurs aptitudes technologiques décuplent leur habilité à s’adapter au changement vs leurs parents.

Cette précocité des enfants quant aux technologies leur confère un pouvoir d’influence vis-à-vis de leurs parents. En effet, elle les positionne dans une situation de consommation inédite, dans laquelle les parents se préoccupent de l’usage que leurs enfants pourraient avoir d’un outil technologique. Tel est le cas de 62% des parents français. 24% ont même demandé leur avis aux enfants avant d’acheter.

« Cela met en lumière l’influence croissante d’un enfant dans les décisions d’achat du foyer, et par voie de conséquence l’intérêt pour les marques de communiquer auprès des plus jeunes générations, via leurs canaux privilégiés pour activer cette nouvelle audience.

Outre la vente, cela positionne aussi les très jeunes enfants comme des utilisateurs potentiels d’appareils technologiques destinés aux adultes, et implique donc la responsabilisation des marques sur l’adéquation des contenus et fonctionnalités d’un objet à l’usage d’un enfant.
La possibilité de filtrer, restreindre ou contrôler du contenu ou des fonctions par les parents s’impose. Une question d’éducation qui incombe également aux professionnels de la communication » note Virginie Puchaux.

Les enfants ont donc un pouvoir d’influence sur les achats, mais sont également influencés par leur environnement.
En effet, l’étude démontre que si l’influence des micro-influenceurs en ligne ne cesse de croître, l’importance des pairs reste dominante : 37% des parents interrogés indiquent ainsi que leurs enfants réclament les mêmes gadgets et appareils que leurs amis.

Les technologies qui définiront les Alphas

Au fur et à mesure que la technologie se développera avec la génération alpha, l’IA ou la voix deviendront des méthodes de communication de plus en plus répandues entre humains et machines, de sorte que les claviers et les écrans céderont la place à des interfaces basées sur des gestes et des conversations. Comment la génération Alpha interagit- elle avec les dispositifs d’IA contrôlés par la personnalité ?

Si les smartphone et les tablettes se généralisent auprès de ces Alphas, de nouvelles technologies apparaissent, basées sur des formes d’interaction différentes. Des appareils toujours plus intelligents vont devenir la norme pour la génération qui grandit avec eux : l’intelligence artificielle va élargir notre vision des possibilités offertes par la technologie, des algorithmes vont offrir des expériences davantage personnalisées et de nouvelles interfaces donneront accès à de nouveaux modes de communication. Ces tendances vont orienter les attentes de les Alphas en matière de technologie et influer sur leurs interactions avec le monde qui les entoure.

Les jouets connectés sont déjà un vecteur d’apprentissage. Cet “internet des jouets » inclut des appareils qui intègrent des technologies de reconnaissance faciale ou vocale par exemple, à l’image des modèles Hello Barbie de Mattel et des peluches interactives Hatchimals plébiscités à Noël l’an passé. D’autres entrent dans les foyers sous la forme d’objets connectés et d’assistants intelligents tels que les produits Amazon Echo et Google Home.

Les appareils vont gagner en intelligence émotionnelle et l’interface vocale va bientôt remplacer les écrans. A ce titre, les entreprises de la Tech et de la robotique rivalisent en matière d’innovation afin de proposer aux Alphas des expériences plus individualisées et des interactions avec la technologie, beaucoup plus physiques.

En effet, la voix n’est pas la seule alternative au clavier et à l’écran. Les interfaces gestuelles permettent d’interagir avec des contenus digitaux en utilisant la main ou certains mouvements corporels, des informations collectées par des appareils portables ou des capteurs de type trackers d’activité. Ces types d’appareils pourraient servir à interagir avec des outils de réalité virtuelle ou augmentée, sans avoir à tenir ou toucher un dispositif de contrôle.

Avec cette génération des Alphas arrivant, plusieurs questions se posent et des craintes sont soulevées à l’égard des nouvelles technologies. Pourtant est-ce de ces technologies dont on doit avoir peur pour son enfant, ou plutôt de la manière dont ils les utilisent, en termes de temps passé, d’addiction, objectif d’usage…
Les Alphas vont sûrement amener de profonds changements et ce à plusieurs niveaux : dans la manière de travailler, dans notre façon, d’accéder au savoir, dans notre rapport d’autorité avec eux et à l’éducation
Cependant, c’est bien sur cette génération qu’il faudra se reposer pour se servir des nouvelles technologies, non?

* Méthodologie de l’étude
L’étude commanditée par Hotwire a été réalisée par OnePoll en juillet 2018, auprès d’un panel de 8000 répondants, tous parents d’enfants agés de 4 à 9 ans, à travers les pays suivants : UK, USA, France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas et Australie.

Pour télécharger la première version du rapport et en savoir plus sur les caractéristiques de la génération Alpha, cliquez-ici.

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