18 février 2021 Emilie Sébert

L’essentiel de l’info numérique en 5 actualités

C’est la revue de presse du mois ! Sur le blog d’ARCA Computing, nous nous efforçons chaque semaine de traiter un sujet pertinent qui rende compte de la richesse de la sphère numérique. Mais comme nous ne pouvons pas écrire sur tout, nous vous proposons aujourd’hui une sélection d’actualités qui nous ont interpellées. Bonne lecture!

Info #1 : Clubhouse, le chat audio qui fait le buzz

application clubhouse

Si vous n’avez pas entendu parler de Clubhouse ces dernières semaines, alors sortez de votre grotte ! Ce nouveau réseau social est au centre de toutes les discussions notamment sur Linkedin. Uniquement accessible sur invitation et sur iPhone, il permet de discuter oralement en direct et de passer d’une salle de conversation à une autre.

Cette application fondée en 2020 par deux entrepreneurs, Paul Davison et Rohan Seth, et toujours en phase de test, est actuellement classée parmi les applications les plus populaires sur l’AppStore en Allemagne, Italie, au Japon et en Turquie, et revendique deux millions d’utilisateurs hebdomadaires.

Le principe de Clubhouse est simple : réunir des invités VIP pour les faire échanger sur des sujets divers et variés ou assurer la promotion de leurs produits. Vous pouvez ainsi écouter acteurs, actrices, hommes et femmes d’affaires tels que Mark Zuckerberg, Oprah Winfrey, Jared Leto, Ashton Kutcher ou encore Drake, mais également des personnalités du mouvement Black Lives Matter.

Comment cela fonctionne pour l’utilisateur ?

  • chaque utilisateur dispose de deux invitations uniquement
  • une fois qu’il a été accepté, il doit créer son profil, nourrir sa liste d’amis, se faire suivre et s’inscrire à ces salles de discussion
  • la communication se fait ensuite vocalement : Pas de messages écrits, de hashtags ou de mentions
  • un utilisateur peut créer sa propre salle, choisir les participants ou rechercher une salle de réunion par thème. Celle-ci peut accueillir jusqu’à 5 000 personnes simultanément mais la taille des réunions varie selon l’organisateur, qui peut la limiter à une poignée d’invités et d’auditeurs.

Clubhouse attire tous les regards, à tel point que Facebook travaille actuellement sur une fonctionnalité capable de concurrencer l’application comme l’a révélé le New York Times le 10 février dernier. En revanche, l’information ne précise pas le stade d’avancement de ce projet de réseau social oral, ni la date de son lancement. Mais pour le média américain, l’intérêt de Facebook n’est donc pas surprenant. Le géant californien n’a jamais hésité à copier les bonnes recettes de ses concurrents, à l’instar des Stories et de Reels, largement inspirée de Snapchat et TikTok, lancées en 2016 par Instagram.

Info #2 : La Cnil européenne rend un avis mitigé sur le DSA/DMA

drapeau Europe

En décembre dernier, le projet de lois du DSA et DMA était présenté devant la Commission Européenne, nous avons d’ailleurs dédié un article à ce sujet. Ces deux textes ont pour objectif d’encadrer les plateformes numériques et les réseaux sociaux.

Les lois sont à présent étudiées par le Contrôleur européen de la protection des données (CEDP), organe indépendant qui contribue à l’application cohérente des règles de protection des données au sein de l’UE. A ce titre, le CEDP doit obligatoirement être saisi pour avis lorsqu’un projet de texte est susceptible d’avoir une incidence sur la protection des données personnelles. Ce qui est le cas pour le DSA et le DMA qui contiennent plusieurs dispositions sur ce sujet. Pour le CEDP, les nouvelles règles du DSA et du DMA sont globalement bonnes, mais les dispositions sur la publicité ciblée, les algorithmes de recommandation et la coopération entre les autorités mériteraient des précisions voire un encadrement plus strict, conclut l’autorité dans deux avis qui viennent d’être rendus.

Même si le CEDP accueille favorablement ces deux textes estimant qu’ils vont permettre de « promouvoir un environnement en ligne transparent et sûr », le Contrôleur estime que le cadre doit être plus strict sur certaines questions. A ce titre, le CEPD recommande au législateur d’interdire la publicité ciblée en ligne reposant sur « un suivi omniprésent » des internautes ainsi que de limiter « les catégories de données » pouvant être traitées à des fins de publicité. Le Parlement européen avait formulé une demande similaire en octobre dernier. Les eurodéputés estimaient que la publicité ciblée « intrusive » devrait être progressivement interdite pour protéger la vie privée des personnes.
Le CEPD appelle également l’exécutif européen à formuler des règles claires sur la coopération entre les autorités de protection des données, des consommateurs et du respect du droit de la concurrence pour garantir la mise en œuvre effective de ces deux textes.

Afin d’entériner ces deux textes, le DSA et le DMA doivent être approuvés par le Parlement et le Conseil, qui réunit les ministres des Etats membres par domaine d’activité. D’après Reuters, il faudra compter au moins un an pour que la procédure aboutisse.

Info #3 : Google doit verser 1 million de dommages-intérêts pour abus de position dominante

enseigne google

Google vient d’être épinglé par le Tribunal de commerce de Paris pour abus de position dominante. La firme de Mountain View doit verser 1 million de dommages-intérêts à l’opérateur de renseignements téléphoniques Oxone, qui l’accuse d’avoir illégalement suspendu à plusieurs reprises ses annonces publicitaires. Cette somme, certes modique pour Google, s’ajoute aux nombreuses affaires en cours contre les pratiques anticoncurrentielles.

Petit rappel des faits…

Oxone, entreprise proposant des services de renseignements téléphoniques depuis 2018, lance une procédure contre Google. Elle était à l’origine de plusieurs sites internet qui renvoyaient à ses numéros 118, remplaçant l’historique « 12 », et utilisait Google Ads pour en faire la promotion. Concrètement, ces annonces apparaissaient sur le moteur de recherche en fonction des requêtes des internautes. A plusieurs reprises, Google a suspendu la diffusion de ces annonces.

En septembre 2019, Google passe à la vitesse supérieure et interdit les annonces pour les services de renseignements téléphoniques sur son moteur de recherche au motif que des consommateurs se sont plaints et qu’une enquête de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes est en cours.

Mais le Tribunal du Commerce de Paris a rendu son verdict… En effet, il estime qu’en agissant de la sorte, Google a abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité en ligne liée aux recherches. En effet, la société a « un intérêt évident à éliminer toutes sociétés permettant une mise en contact téléphonique qui deviennent concurrentes à ses propres produits », a tranché le juge. Ainsi, « Google ne pouvait ignorer qu’en privant de son service de publicité en ligne les sociétés de renseignement téléphonique elle éliminait celles-ci qui n’avaient aucune alternative ».

Suite à cette décision, Google a décidé de faire appel du jugement. Voici la réponse officielle de la firme : « Les internautes font confiance à Google pour leur fournir des résultats pertinents et dignes de confiance. Nos règles publicitaires sont conçues pour protéger nos utilisateurs des contenus trompeurs ou abusifs, et dans ce cas nous avons limité la publicité pour les services de renseignements téléphoniques, de transfert et d’enregistrement des appels qui faisaient fréquemment l’objet d’activité frauduleuse. Nous ferons appel du jugement. »

Pour rappel, Google est au centre de nombreuses accusations de pratiques anticoncurrentielles un peu partout dans le monde, en Chine, aux Etats-Unis et en Europe. En novembre dernier, un collectif de 165 entreprises et associations professionnelles a envoyé une lettre à la Commission européenne pour lui demander de sévir face à Google. Les signataires affirment que le géant américain favorise injustement ses propres services, notamment en matière d’hébergement, de voyages et d’emploi, dans les résultats de recherche.

Info #4 : TikTok : Suspension de l’accord de ByteDance avec Oracle et Walmart

application tiktok

Alors que ByteDance était sur le point de conclure un accord avec Walmart et Oracle concernant les activités de TikTok aux Etats-Unis, celui-ci ne pourrait jamais aboutir. Cet accord, initié sous la présidence de Donald Trump, prévoyait une vente forcée des activités de TikTok aux Etats-Unis afin de garantir la sécurité nationale. L’administration Trump contraignait l’entreprise chinoise ByteDance, propriétaire de l’application, à vendre ses activités américaines sous peine d’interdiction sur le territoire, et ce en raison de la menace supposée qu’elle pose pour la sécurité nationale américaine. Le gouvernement Biden qui vient d’entrer en fonction examine le dossier et pourrait décider que l’application chinoise ne représente justement pas de menace.

Cet accord trouvé avec Walmart et Oracle ne portait pas sur un rachat à proprement parler mais plus sur un contrat d’hébergement cloud. Mais avec le changement d’administration, puisque Joe Biden a été élu président, cet accord est désormais mis en pause indéfiniment, rapporte le Wall Street Journal. L’administration Biden a même demandé un report de l’appel réalisé par la précédente administration contre la décision de justice qui retoquait l’interdiction de TikTok, précise le WSJ. Elle explique en effet, avoir examiné les efforts réalisés par l’entreprise technologique chinoise afin de limiter les risques liés à la sécurité nationale.

Néanmoins ByteDance serait toujours en discussion avec les officiels américains en charge de la sécurité nationale. Ces discussions concernent la sécurité des données et les moyens pour empêcher le gouvernement chinois d’accéder aux informations collectées par TikTok sur les utilisateurs américains.

Info 5 : Facebook préparerait le lancement d’une montre connectée en 2022

image facebook

Rien ne semble arrêter Facebook sur le marché des hardwares… La firme américaine semble vouloir concurrencer Apple sur un marché qu’ils dominent : les montres connectées. D’après le média spécialisé The Information, l’entreprise travaillerait sur une smartwatch dont la commercialisation est prévue dès l’année prochaine. Mais à quoi ressemblera cette smartwatch ?

– La montre devrait permettre de mesurer l’activité physique de son porteur grâce à des capteurs, comme la plupart des montres connectées du marché. Les utilisateurs pourront également se connecter à des applications de sport, telle que le « Netflix du vélo » Peloton.

– Les services de messagerie de Facebook, tels que WhatsApp, Messenger et la messagerie privée d’Instagram, devraient également être intégrés dans le futur objet.

– Le produit devrait fonctionner avec Wear OS, une version du système d’exploitation mobile Android de Google spécialement conçue pour faire les appareils à porter sur soi (wearables), puis avec un système d’exploitation maison actuellement en cours de développement. Le prix de la montre n’est pas encore connu.

Si l’info se confirme, le lancement de cette smartwatch s’inscrirait dans la stratégie de Facebook de créer la prochaine grande plateforme informatique (l’après smartphone). A ce titre, cette montre pourrait intégrer la technologie de la start-up CTRL-labs, rachetée en 2019.

La startup est à l’origine d’un bracelet capable de détecter les signaux électriques que le cerveau envoie aux muscles des bras. Une des applications potentielles de cette technologie est la possibilité de contrôler un système de réalité augmentée (en « cliquant » ou « tapant du texte ») par des micro-mouvements.

A noter qu’Apple étudie sans doute la viabilité d’une stratégie similaire, ses propres lunettes pouvant s’appuyer sur ses produits existants (iPhone pour le calcul, Apple Watch pour l’interface tactile, Air Pods pour l’audio).

Pour réussir ce nouveau pari, Facebook devra convaincre le public, dont la confiance a été érodée par des scandales à répétition (en premier lieu Cambridge Analytica); et prouver que cet objet n’est pas un moyen de plus pour récupérer des données, cette fois-ci particulièrement sensibles, puisqu’il s’agit de données de santé…