12 novembre 2020 Emilie Sébert

Transition numérique : les PME face à la crise

La crise du COVID-19 impacte fortement la fréquentation des commerces indépendants et l’activité des PME françaises. Proximité, écoute, disponibilité et réactivité… Cette crise ne fait que confirmer l’urgence d’amorcer une transition numérique pour maintenir la relation client.

Dans un contexte de consommation en berne, 3 enjeux majeurs aujourd’hui se démarquent : le maintien de l’activité, la proximité client, mais surtout l’intégration du digital dans le business model. Or les PME françaises sont à la traîne. Quelles sont les raisons de ce retard ? Quelle posture doivent-elles adopter pour réussir leur transformation ? Décryptage

Transition numérique : les PME françaises à la traîne

La transition numérique du commerce de proximité et plus largement des entreprises françaises, est urgente et nécessaire. Pourtant, en France 1 PME sur 3 n’a toujours pas de site web…

Une crise économique sans précédent s’annonce (selon la Banque Mondiale) et la distanciation sociale reste la règle. Si les entreprises veulent rester compétitives elles vont devoir compter sur Internet pour atteindre et retenir leurs clients. D’où l’intérêt de miser sur le e-commerce et de mettre en place une véritable transformation numérique ! Mais les PME ont-elles déjà amorcé cette transition numérique ? C’est ce que nous allons découvrir à travers les résultats d’une étude récente publiée par Sortlist. Cette entreprise de logiciels, a interrogé 500 patrons de PME*, afin de faire le point sur la présence en ligne des entreprises françaises. Et il y a de quoi être surpris…

Stupeur et tremblements… dans un contexte de quatrième révolution industrielle, 34% des PME françaises, soit plus de 3 sur 10, ne disposent toujours pas d’un site Internet. La moyenne européenne plafonnant à 22%… Or le dernier confinement et celui que nous vivons actuellement, ont mis à mal les commerçants, les artisans, et les PME françaises qui tardent à mettre en place leur transition digitale.
Ne pouvant pas maintenir la relation client, leur chiffre d’affaires a dégringolé : trésorerie en baisse, capacité à investir limitée, certaines entreprises sont passées en mode survie. Conséquence immédiate de cette crise du COVID ? Les entreprises réduisent leur budget alors que 60% d’entre elles avaient planifié de créer un site web. L’arbitrage peut sembler logique mais risqué d’un point de vue stratégique…

A cet égard, le ministère de l’Economie, de la Finance et de la Relance, a lancé le 2 novembre dernier, un appel à projet pour soutenir l’activité et la digitalisation des petites entreprises notamment les commerces de proximité dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
L’appel à projet vise à identifier les opérateurs prêts à proposer des solutions gratuites (ou à tarifs préférentiels) pendant la période de confinement selon des besoins génériques : vendre en ligne, disposer d’une solution de paiement en ligne, proposer un service de livraison, être référencé sur une place de marché locale, disposer de solutions de communication.
L’objectif de cet appel d’offres, qui sera clôturé le 13 novembre, est d’identifier des solutions pouvant être mises en place rapidement par les commerçants, artisans et restaurateur pour maintenir et contribuer à développer leur activité.

Transition numérique : tous différents face au numérique

La logique budgétaire n’est pas le seul facteur déterminant du retard en termes de transition numérique. En effet, cette dernière ne s’appréhende pas de la même manière selon le profil des entreprises.
De décembre 2019 à mars 2020, les cabinets de conseil BCG et EY ont réalisé une étude pour la Direction générale des entreprises (DGE) afin de mieux connaître et comprendre les TPE PME, identifier leurs attentes et leurs freins vis-à-vis du numérique et recueillir leurs souhaits en terme d’accompagnement.

L’étude a identifié 5 profils d’entreprise face au digital dont les caractéristiques varient en fonction de leur aisance avec le numérique et de leurs perspectives de développement. Ces 5 profils type (« Prudent », « Demandeur », « Réceptif », « Statique », « Opportuniste ») regroupent les dirigeants d’entreprises en ensemble cohérents ou segments qui ont chacun une pratique et une perception du numérique différentes et des préférences en terme d’accompagnement au numérique. Nous allons les passer en revue…

#1 Les profils prudents : 15%

transition numérique profil prudent

La taille de ce segment est estimée à 390 000 entreprises. Il est particulièrement représenté dans les secteurs Services à la personne et Tourisme/Hébergement.
59% d’entre eux considèrent que le numérique ne représente pas un réel bénéfice pour leur entreprise mais 50% d’entre eux sont conscients que le numérique est un moyen de communiquer avec ses clients.

Les dirigeants de TPE PME de type « Prudent » se caractérisent de la manière suivante :
– ils ont peu ou pas de perspectives de développement, même s’ils sont motivés par le fait de gagner de l’argent, servir leurs clients et la fierté de leur réussite.
– ils ne sont pas à l’aise avec le numérique
– ils se sentent en retard par rapport à leurs pairs

Leurs priorités sont donc de :
– diminuer leurs charges et coûts de production
– fidéliser leurs clients
– protéger la réputation de l’entreprise.

Les principaux freins à leur transition numérique : le manque de connaissance, de temps et de compétence les freine pour s’engager dans le numérique. A ce titre, 27% d’entre eux ont suivi une formation dans les 12 derniers mois, parmi eux, 37% l’ont fait sur la recommandation d’une association ou une fédération professionnelle, cependant aucun n’a suivi de formation spécifique au numérique.

#2 Les profils demandeurs : 28%

transition numérique profils demandeurs

La taille de ce segment est estimée à 705 000 entreprises. Il se trouve notamment en zone rurale et dans les secteurs Agriculture et Commerce / Artisanat.
71% d’entre eux considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise.

Ils se caractérisent de la manière suivante :
– ils ont de nombreux projets
– ils ne sont pas à l’aise avec le numérique
– mais se sentent modérément en retard par rapport à leurs pairs.

Leurs priorités sont d’augmenter leur base client, de les fidéliser et de produire plus.

Ce qui les motive est de:
– servir leurs clients
– faire progresser leurs employés
– la fierté de leur réussite.

Le manque de temps, la difficulté à trouver le bon interlocuteur et le manque de connaissance les freinent pour s’engager dans le numérique. 41% d’entre eux ont suivi une formation dans les 12 derniers mois.

#3 Les profils réceptifs : 25%

transition numérique profils réceptifs

La taille de ce segment est estimée à 650 000 entreprises. Cette typologie est surreprésentée dans le secteur de l’industrie.
80% d’entre eux considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise.

Ils se caractérisent par :
– le fait qu’ils ont de nombreux projets
– leur aisance avec le numérique
– leur sentiment d’être peu en retard par rapport à leurs pairs.

Leurs priorités sont :
– d’accroître leur visibilité
– d’augmenter leur base client
– de faire évoluer leurs offres de produits et/ou de services.

Ce qui les motive est :
– d’être à la pointe de la modernité
– d’être fiers de leur réussite
– de faire progresser leurs employés.

#4 Les profils statiques : 29%

transition numérique profils statiques

La taille de ce segment est estimée à 745 000 entreprises. Il concerne notamment les services spécialisés, les services à la personne et le tourisme/hébergement.
68% d’entre eux considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise.

Les dirigeants de TPE/PME de type « Statique » se caractérisent par le fait :
– d’avoir quelques projets de développement
– d’être relativement à l’aise avec le numérique
– se sentir modérément en retard par rapport à leurs pairs.

Leurs priorités sont de :
– fidéliser leurs client
– protéger la réputation de l’entreprise
– être conformes à la règlementation.

Ce qui les motive est :
– d’être fidèle à leurs fournisseurs
– de savoir être prudent
– de prendre des risques calculés.

#5 Les profils opportunistes : 3%

transition numérique profils opportunistes

La taille de ce segment est estimée à 80 000 entreprises.

Les dirigeants de TPE PME de type « Opportuniste » ne sont pas représentatifs des dirigeants de TPE PME françaises (ils constituent 3% de l’échantillon interrogé).

Les profils opportunistes :
– sont entièrement autonomes avec le numérique
– sont motivés par l’innovation et la modernité
– n’ont pas de freins avec le numérique.
– sont passionnés par le numérique (79% d’entre eux sont tout à fait d’accord avec cette opinion, soit un écart de +65 points par rapport à l’ensemble de l’échantillon interrogé)
– perçoivent le numérique comme un bénéfice réel pour leur entreprise (67% sont tout à fait d’accord avec cette opinion, soit un écart de +40 points comparé à la moyenne des dirigeants de TPE PME).

Pour retrouver l’intégralité de l’étude, cliquez ici.

La transition numérique est plus que nécessaire, si les petites entreprises veulent être en mesure de survivre pendant cette crise et rebondir ensuite. Chez ARCA Computing, nous avons pour vocation d’accompagner les PME, TPE, ETI et les commerçants indépendants dans leur transformation via des solutions adaptées à leurs enjeux. Si vous souhaitez discuter de votre projet numérique, contactez-nous !

Enquête Sortlist :
Enquête menée entre le 19 et 21 mai 2020 au niveau européen (Belgique, France, Pays-Bas, Espagne, Allemagne).
Etude pour la DGE – profils des entreprises :
Méthodologie
L’étude a été réalisée en 2 étapes :
– De décembre 2019 à janvier 2020 : 30 entretiens de 2h30 avec des dirigeants de TPE sur leur lieu de travail pour comprendre leur mode de fonctionnement, leurs enjeux, leurs usages numériques, leurs attentes ou leurs réticences face aux technologies. Certaines entreprises rencontrées avaient un fonctionnement traditionnel d’autres utilisaient plus ou moins le numérique. Cette première phase a permis de regrouper les entreprises en 5 groupes cohérents ou segments.
– En février 2020 : enquête en ligne et par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de plus de 1 000 TPE PME françaises afin de valider les 5 typologies et d’estimer leur représentativité.